La création sonore n’est pas un métier clairement identifié. Cette dénomination, tout comme celle d’ “ingénieur du son” répond à des définitions de métiers différentes suivant les domaines d’application auxquels il est fait référence : le théâtre, la danse, le cirque, les arts de la rue, les installations, la création musicale etc…
Les temporalités de travail, la relation au plateau, à la scénographie, au texte ou aux interprètes… peut changer du tout au tout d’un projet à l’autre. Il existe ainsi une infinité de façons de créer un spectacle de théâtre, de danse, de cirque, ou une performance… et par la même, autant de manières différentes de travailler le son, en jonglant en permanence entre les questions techniques et artistiques.
Il reste donc difficile de nommer le moment précis où le travail du son devient une écriture, un acte de création. Mais le faut-il ?
LES METIERS
Définir précisément ce métier est donc complexe ! Nous tentons d’en proposer ici une définition assez large, centrée sur le spectacle vivant et qui met en lumière les principales caractéristiques et leurs enjeux. Mais pour s’en faire une idée plus précise, nous recommandons en complément la lecture des portraits et interviews de professionnels proposés sur ce site.
Un forum dédié est également à disposition pour échanger autour du métier, ici.
Le créateur ou la créatrice sonore
La création sonore, dans le cadre d’une pièce de théâtre, de danse, de cirque, d’une performance… est par définition, menée à bien par un créateur ou une créatrice son (parfois aussi appelé-e réalisateur-ice sonore) qui est en charge de la conception de la partition sonore du spectacle, en étroite collaboration avec la ou les personnes qui dirigent le projet. Son travail est de concevoir, chercher, composer ou créer tous les éléments sonores qui accompagneront le spectacle, et de penser leur mise en oeuvre technique, leur spatialisation (installations d’enceintes multiples, de microphones etc). On parle ainsi de l’écriture sonore du spectacle.
Chaque projet étant différent, les profils et centres d’intérêts de ces créateur-ices sont par conséquent très variés : certains-es sont plutôt musiciens-nes, d’autres préfèrent travailler à partir de prises de sons, ou fabriquent des objets sonores qu’ils manipulent… tout est possible !
C’est ainsi un métier très complet qui implique bien sûr tout d’abord une bonne “créativité” et la maîtrise des outils de création, mais aussi une très grande écoute du projet, une bonne faculté d’adaptation, de la patience, et d’être à l’aise dans une équipe au travail. Les créations sont très souvent des moments intenses et foisonnants !
Ce métier implique également parfois des responsabilités d’équipe, d’avoir sous sa direction un ou plusieurs régisseurs, musiciens etc…, de gérer son budget de création, et de s’occuper des éventuels droits d’auteurs.
Il y a souvent un amalgame entre le métier de créateur sonore et celui de musicien. Il n’est pas rare de voir créditer au générique d’un spectacle seulement une personne à la composition. Cela ne reflète souvent malheureusement pas la réalité du travail de la bande son. Si le musicien est un “spécialiste de la musique” (composition, arrangement, interprétation etc…), le ou la créatrice son va de son côté considérer la musique comme une des matières sonores avec lesquelles construire la bande son. Il ou elle pourra ainsi travailler avec des sons abstraits non musicaux, ou réalistes (ambiances naturelles, bruitages…), des voix, sonorisation d’objets sonores au plateau etc… Dans le cadre de gros spectacles, il arrive que plusieurs personnes collaborent à la bande sonore, par exemple une créatrice, un musicien et une régisseuse de création, mettant ainsi leur compétences en complémentarité !
Il est aussi important de préciser qu’un-e créateur.ice sonore a rarement une seule et unique “casquette”. La plupart des fondamentaux techniques sont partagés par un grand nombre de domaines différents, et permettent de fait de naviguer entre plusieurs types de réalisations sonores (par exemple le sound design au cinéma, la production musicale ou la création radiophonique…). Ces croisements sont souvent intéressants et contribuent au renouvellement de l’écriture des sons.
les collaborateurs-ices
Pour la réalisation de la bande son, le.la créateur.ice peut donc collaborer avec les régisseurs d’accueil et de tournée qui, chargés de l’aspect technique du son, sont des appuis précieux.
Le ou la régisseuse de tournée est la personne qui assure la bonne mise en oeuvre de la bande sonore lors de la tournée d’un spectacle. Pendant de la création, si ce n’est pas le-la créateur-ice qui s’en charge, elle intervient généralement sur les derniers jours/semaines de répétitions pour “prendre en main” la régie. Il est important qu’elle comprenne et intègre les enjeux de l’écriture du son dans la pièce afin de pouvoir perpétuer ces enjeux par la suite. Compétente techniquement, elle s’assure que les lieux qui accueilleront le spectacle proposent les bons outils pour la mise en oeuvre de la bande son.
En tournée ses missions sont multiples : réussir à restituer la bande sonore au plus proche des sensations de la création (dans des lieux parfois très différents et qui s’y prêtent plus ou moins bien), continuer à faire évoluer le spectacle qui, au fil des représentations, s’affine, change de rythme… Les enjeux sont aussi humains car la tournée implique de nombreuses rencontres, collaborations avec les personnes qui accueillent les compagnies dans les salles de spectacle, et la vie “nomade” avec les autres membres de l’équipe.
Le régisseur ou la régisseuse d’accueil est la personne qui sera en charge d’accueillir le-la régisseur-se son de tournée. Elle aura préparé, avant l’arrivée de l’équipe et suivant la fiche technique du spectacle, le matériel nécessaire et sera responsable de sa mise en oeuvre. Ce métier implique une parfaite connaissance du lieu de représentation, ses spécificités sonores, son acoustique… et une maîtrise total du matériel qui y est installé. Lors de l’accueil d’un spectacle l’enjeu principal pour les deux régisseurs-ses (tournée et accueil) sera d’adapter la création sonore au lieu de représentation. Il arrive qu’il soit par exemple impossible d’installer un haut parleur au dessus du public, ou sous les gradins… il faut alors faire preuve d’inventivité pour trouver une alternative qui, dans les temps souvent très courts d’installations techniques, pourra procurer une sensation sonore quasi identique. C’est ainsi un métier qui implique une grande capacité d’écoute et d’adaptation.
Il est fréquent que la personne qui occupe ce poste soit employée à plein temps pour la salle de spectacle, on parle de “ régisseur-se permanent”. Elle est ainsi également en charge de toute l’organisation du travail du son à l’échelle du lieu. Elle prépare donc et entretient le matériel, étudie les fiches techniques des spectacles en tournées et les demandes des créateurs qui viennent travailler dans leur théâtre, planifie le travail des régisseurs et techniciens d’accueil etc… Dans certaines structures, les régisseurs-ses permanents peuvent être amenés à partir en tournée avec les créations qui y sont produites, ou bien assurent les régies des spectacles qui y sont accueillis (c’est le cas par exemple dans beaucoup de théâtres parisiens, où les spectacles sont programmés pendant plusieurs semaines).
LES FORMATIONS
À quelques exceptions près, les formations aux métiers du son supposent un parcours initial à orientation scientifique. Une bonne culture générale, de la curiosité et des notions musicales constituent des « plus » non négligeables.
Selon le diplôme préparé, les études peuvent durer de 2 ans (BTS) à 5 ans (grandes écoles).
Dans le cas de reconversions ou de formations continues, cela peut être plus court (quelques mois) en fonction des spécialisations choisies.